La danse classique indienne Odissi


Des Apsaras aux Devadasis ou Maharis... Naissance du style odissi : la danse classique indienne sacré


Il y a très longtemps, les dieux et démons voulurent obtenir le nectar sacré qui leur assurerait l'immortalité. Afin de l'obtenir, ils barratèrent l'océan. Pour cela, ils prirent la montagne Mandara et la posèrent sur le dos de la tortue divine Akupara. Ils se servirent du serpent divin Vasuki en guise de corde enroulé autour de la montagne. Les dieux d'un côté et les démons de l'autre, ils tirèrent sur le serpent afin de remuer l'océan.
Celui-ci commença à s'agiter petit à petit pour finir par former d'immenses vagues. C'est alors, que de l'ocean surgit Amrit, le nectar sacré, ainsi que d'innombrables autres merveilles, les plus belles de toutes étant les nimphes sacrées : les Apsaras.

    Elles étaient pleines de grâce. Elles savaient danser, chanter et inspirer l'amour. Elles adoraient Kamadeva, le dieu de l'amour. Elles venaient du paradis et partirent danser dans la cour du dieu Indra.
Accompagnées des Gandharvas, musiciens renommés et des chanteurs, les Apasaras dansaient sur les notes des instruments divins.
Un jour, Urvasi, une des Apsaras, la préférée du dieu Indra, croisa le regard de Jayanta le fils de ce dernier et en oublia sa danse. Le sage Agastia surprit les jeunes amants, se mit en colère et décida de les chasser. Urvasi fut réincarnée sur terre comme Devadasi, servante des dieux destinée à danser dans les temples afin d'honorer les dieux de sa danse sacrée.
Selon la mythologie, voici comment la danse indienne émergea du monde céleste...

Un peu d'histoire...



L'Odissi est le style traditionnel de la danse ayant pris naissance dans les temples de l'Etat d'Orissa en Inde. Les premières représentations de la danse Odissi remontent au 1er siècle avant JC et ses origines remontent à l'Antiquité.
Au départ, cette danse était pratiquée par les Maharis : telles des servantes, elles offraient leurs danses aux dieux. Tandis que les Maharis dansaient pour les dieux dans les temples, les Nartakis quand à elles, dansaient dans les cours royales, et les Gotipuas, jeunes garçons acrobates et féminisés, occupaient la rue.

Jusqu'au 17ème siècle, la danse classique n'a cessé de se répandre en Orissa et dans les temples. Vint la colonisation, durant laquelle la danse subit d'importante perturbations. Les danseuses perdirent leur statut respectable et la danse fut interdite. La danse ne reprit peu à peu sa place qu'à la décolonisation.
De danse de temples elle devint une danse de scène... Le 20ème siècle fut la période de rennaissance : quelques Gourous participèrent à la reconstruction de cet art. Guru Kelucharan Mohapatra fut le leader de ce renouveau, suivi de Gourou Prasad Das Deba.
Le Natya Shastra, traité des arts de la danse et du théâtre, la Gita Govinda, poème romantique, et les nombreuses sculptures des temples d'Orissa ont inspiré les Gourous dans leur travail chorégraphique.

Un récital de danse classique se compose d'un riche répertoire de chorégraphies. Les textes sont pour la plupart écrits en Sanskrit et certain en Oriya, langue de l'Orissa.
Les poèmes chantés qui accompagnent les pièces d'abhinaya (expressions) sont issus pour la plupart de la Gita Govinda (poème) et retracent les tourments et désirs amoureux entre Radha et Krishna. La musique Odissi qui accompagne le récital est un savant mélange de musique Hindoustani (Inde du nord) et de musique Karnatique (Inde du sud).
Le costume, les bijoux et le maquillage font entièrement partie de la préparation du récital et du danseur. Ils constituent L'Abhinaya Chandrika. Le Natya Shastra, quand à lui, décrit les bases de l'art de la danse, les mouvements des yeux, du cou, du buste, etc...
Tous ces éléments font de la danse classique indienne un art riche et subtil, sacré et complexe, mais dont la beauté peut aussi toucher un public non averti. La religion hindouiste et la mythologie rythment la poésie de cette danse sacrée au départ influencée par le boudhisme. A la fois tantrique et contemporaine, elle est une source inépuisable de connaissance, d'histoire et de mythologie.